Triades des bardes de bretagne

Edward Williams (Edition 1857) traduction par Adolphe PICTET,

Iolo Morganwg (/ˈjo.lo mor.ˈgan.nug/) est le nom bardique de Edward Williams (Llancarfan, Glamorgan, Pays de Galles, 1747-1826). Son nom gallois signifie « Edouard de Glamorgan » (Iolo est le diminutif de Iorwerth – la version galloise de Edouard).

Un de ses écrits les plus connus est le Cyfrinach Beirdd Ynys Prydain (1829, Mystère des poètes de l’île de Bretagne), un récit attribué par Iolo lui-même aux bardes gallois du Moyen Âge. Il est également l’auteur de nombreux contes et des triades mnémoniques, qu’il attribue également à des auteurs anciens.

Une de ses mystifications les plus célèbres est la publication de vers qu’il attribue au célèbre barde Dafydd ap Gwilym. Iolo Morganwg réussit avec tant de conviction à convaincre de l’authenticité de ses écrits qu’on les retrouvera dans des compilations de littérature médiévale galloise. On les retrouve en particulier dans le troisième tome du Myvyrian Archaiology of Wales (1807). Ses Iolo Manuscripts (1848) seront également considérés comme une référence par les érudits de l’époque. Il faut attendre le xxe siècle avant de retrouver le vrai chemin dans les études littéraires galloises, grâce surtout à G. J. Williams (1892-1963) qui publie son Iolo Morganwg a Chywyddau’r Ychwanegiad (Iolo Morganwg et les cywydds additionaux) en 1926.

Nous avons découvert dans les années 1970, des brouillons de traduction du gallois vers l’anglais de Iolo Morganwg sans lequel les triades et cette sagesse auraient probablement disparu. Les documents Gallois du première assemblée historique des bardes Gallois se réunit en 1176 au château de Cardigan. Le 1er Janvier 1344, le roi Edouard III convoqua une table ronde de Bardes. vers 1400, on cite une tentative de restauration du Druidisme Païen avec un nommé « Sion Cent ».
Vers 1450 se tint une assemblée de « Eisteddfod » de Bardes à Carmarthen. Ces réunions se poursuivirent de 1523 à 1568, malgré les persécutions des rois Henri V et Henri VIII d’Angleterre. Elisabeth Ier intervint pourtant dans les « Eisteddfodau » pour distribuer des licences aux Bardes afin de les récompenser. Depuis, l’œuvre de Morganwg a pris progressivement une autre dimension, sa poésie et ses écrits étant désormais reconnus comme un joyau de la langue galloise de son temps. (Source Wikipedia )

Première Triade

Trois unités primordiales, et davantage que chacune d’elle ne saurait exister : un Dieu, une vérité et un point de liberté où les contraires s’équilibrent.

Deuxième Triade

Trois choses procèdent des trois unités primordiales : toute vie, tout bien et toute énergie.

Troisième Triade

En trois réalités consiste Dieu : l’excellence de la vie, l’excellence de la conscience, l’excellence de l’énergie ; et il ne saurait exister une unité qui soit plus éminente dans chaque domaine.

Triade IIII

Trois réalités que Dieu ne peut pas ne pas être : ce qui doit constituer le bien parfait, ce qui doit vouloir le bien parfait, ce qui doit accomplir le bien parfait

Triade V

Trois témoignages de Dieu à l’égard de ce qu’il a fait et fera : énergie infinie, conscience infinie et amour infini ; grâce à eux, il n’est rien qui ne puisse être accompli, connu et amené à l’existence.

Triade VI

Trois finalités ultimes pour le principe divin dans l’animation de toutes cho- ses : réduire le mal, fortifier le bien et manifester les différences afin que ce qui doit être soit distingué de ce qui ne doit pas être.

Triade VII

Trois choses que Dieu ne peut pas ne pas accomplir : le plus utile, le plus nécessaire et le plus beau en toutes choses.

Triade VIII

Trois constantes de l’existant : ce qui ne peut être autrement, ce qui n’a pas besoin d’être autrement et ce qui ne peut pas être mieux conçu. De là, la finalité de toutes choses.

Triade IX

Trois réalités prévalantes : la suprême énergie, la conscience suprême et le suprême amour de Dieu.

Triade X

Trois particularités de Dieu : plénitude de vie, plénitude de conscience, et plénitude d’énergie.

Triade XI

Trois causes des vivants : l’amour de Dieu en harmonie avec la conscience parfaite ; la conscience de Dieu en harmonie avec la connaissance des moyens, et l’énergie de Dieu en harmonie avec la suprême volonté, l’amour suprême et la suprême conscience.

Triade XII

Trois sphères d’existence : la sphère de ceugant où rien n’existe, sinon Dieu, de vivant ou de mort, et personne, sinon Dieu, ne peut la connaître; la sphère d’abred où toutes choses procèdent de la mort et l’homme la traverse ; et la sphère de gwynfid où toutes choses jaillissent de la vie, et l’homme la connaîtra dans les cieux.

Triade XIII

Trois états d’existence pour les êtres vivants : un état de douleur dans l’abîme, un état de liberté dans l’humanité ; un état d’amour, c’est-à-dire de béatitude dans le ciel.

Triade XIIII

Trois nécessités pour toute vie animée : commencement en annwn; progression en abred et plénitude en gwinfid, c’est-à-dire dans la sphère du Pays blanc ; sans ces trois nécessités, personne ne peut exister sinon Dieu.

Triade XV

Trois sortes de nécessités en abred : le germe de toute vie et, de là, le commencement ; la matière de toutes choses et, de là, la croissance qui ne peut s’accomplir dans aucun autre état ; l’élaboration de toute chose à partir de la mort et, de là, la fragilité de l’existant.

Triade XVI

Trois choses ne peuvent faire qu’advenir par l’équité de Dieu: la sympathie en abred, parce que, sans elle, personne ne peut obtenir une pleine connaissance de quoi que ce soit ; la co-participation à l’amour de Dieu ; et la coopération avec l’énergie de Dieu pour tout ce qu’il accomplit de juste et de miséricordieux.

Triade XVII

Trois causes de la nécessité en abred : prendre les composants de chaque nature ; recueillir la connaissance de chaque chose ; rassembler la force de surmonter le mal et la destruction et de se défaire du mal. Sans la traversée de chaque état de vie, aucune vie, aucune espèce ne peut atteindre la plénitude.

Triade XVIII

Trois fatalités premières en abred : la nécessité, l’oubli et la mort.

Triade XIX

Trois conditions nécessaires avant que la plénitude de la conscience puisse être obtenue : traverser abred, traverser gwynfid et se ressouvenir de tout jusqu’en annwn.

Triade XX

Trois nécessités en abred : la transgression, parce qu’il n’en peut être autrement ; la libération, par la mort, de drwg et cythraul ; la croissance de la vie et du bien par l’éloignement du mal dans les délivrances de la mort; et cela, par l’amour de Dieu qui maintient toutes choses.

Triade XXI

Trois contributions de Dieu en abred pour contenir drwg et cythraul et leur échapper vers gwynvyd : la nécessité, l’oubli et la mort.

Triade XXII

Trois choses primordialement contemporaines: l’homme, la liberté et la lumière.

Triade XXIII

Trois obligations de l’homme: connaître, changer et choisir. Et par la liberté de choisir, les deux autres obligations ne peuvent être connues avant qu’elles n’adviennent.

Triade XXIIII

Trois alternatives équitables pour l’homme : abred et gwynvyd, fatalité et liberté, mal et bien. Toutes se valent et l’homme peut s’attacher lui-même à ce qui lui convient.

Triade XXV

Par trois réalités, l’homme tombe sous la nécessité d’abred : parce qu’il ne s’efforce pas d’acquérir la conscience ; parce qu’il ne s’attache pas au bien ; parce qu’il se lie au mal. Par l’occasion de ces difficultés, il redescend au principe de son genre en abred, jusqu’à ce qu’il revienne comme au commencement.

Triade XXVI

Bien que, par ailleurs, il se soit lié au bien, trois choses font tomber l’homme sous la nécessité d’abred : l’orgueil jusqu’en annwn ; la fausseté jusqu’à un état correspondant de perception ; et, par la cruauté, jusqu’à l’animal semblable, jusqu’à ce que, comme au commencement, il retourne à l’humanité.

Triade XXVII

Trois raisons principales au statut des êtres : la conscience, l’amour et l’énergie qu’il faut acquérir avant la mort ; et cela ne peut avoir lieu, en vertu de la liberté et du choix, avant l’état humain. Ces choses sont appelées les trois victoires.

Triade XXVIII

Trois victoires sur drwg et cythraul : la conscience, l’amour et l’énergie, parce que le savoir, la volonté et la force, dans leur capacité de conjonction, accomplissent ce qu’ils désirent. Ces victoires commencent dans l’état humain et se poursuivent à jamais.

Triade XXIX

Trois privilèges de la condition de l’état humain : l’équilibre du mal et du bien et, de là, la faculté de comparer ; le choix et, de là, le jugement ; et la croissance de la force qui procède du jugement et du choix, et ceux-ci doivent exister avant tout accomplissement.

Triade XXX

Trois différences inévitables entre l’homme (ou tout autre être vivant) et Dieu : l’homme est fini, le dieu ne peut pas l’être ; l’homme a un commencement, ce que le dieu ne saurait avoir ; l’homme doit progressivement changer sa condition dans la sphère de gwinfyd, parce qu’il n’est pas capable de connaître le ceugant ; et pour le dieu ce n’est pas nécessaire, car il peut tout vivre avec félicité.

Triade XXXI

Les trois fondements de gwynfyd : non-mal, non-vouloir, et non-mort.

Triade XXXII

Trois restaurations de la sphère de gwynfyd : l’awen originel, le primordial amour et la mémoire primordiale, parce que sans ces restaurations, il n’y aurait pas de félicité.

Triade XXXIII

Trois différences entre les êtres animés et les autres : l’awen, la mémoire et la conscience. En chacun elles sont complètes et ne peuvent être communes avec un autre vivant. En chacun elle est plénière, car ne sauraient exister deux plénitudes d’une même chose.

Triade XXXIIII

Trois dons de Dieu à tout vivant : la plénitude de son espèce ; l’originalité de son individualité et la caractéristique d’un awen primordial différent. C’est ce qui constitue l’être complet et singulier de chacun.

Triade XXXV

De trois compréhensions s’ensuivront la décroissance et la subjugation du mal et de la mort : la conscience de leur nature, la conscience de leur cause, la conscience de leur fonctionnement. Cela se trouve en gwynfid.

Triade XXXVI

Trois fondations du savoir : avoir traversé chacun des états de la vie ; se souvenir de chaque état et de ses événements, être capable de traverser à volonté chaque état par goût de l’expérimentation et du jugement et de la connaissance.

Triade XXXVII

Trois caractéristiques pour chaque vivant en gwynfyd : la vocation, l’unicité et l’awen. Et il ne saurait y avoir deux vivants primordialement identiques, car chacun est parfait en ce qui le distingue. Il n’y a rien sans la compréhension de tout ce qu’il est possible à l’être d’advenir.

Triade XXXVIII

Trois choses impossibles si ce n’est à Dieu : vivre l’éternité de ceugant, participer à chaque état sans changer, améliorer et rénover toutes choses sans les détruire.

Triade XXXIX

Trois choses qui ne pourront jamais être détruites à cause de leurs puissances nécessaires : la forme de l’être, la substance de l’être, la qualité de l’être ; car ces puissances, délivrées du mal, existent pour toujours chez les êtres animés ou inanimés comme des épanouissements du beau et du bien de la sphère de gwynfid.

Triade XL

Trois excellences des changements d’état en gwynfid : l’instruction, la beauté et le repos, parce que l’homme n’est pas capable de supporter l’éternité du ceugant.

Triade XLI

Trois choses qui s’amplifient : le feu ou la lumière, la conscience ou la vérité, l’âme ou la vie. Ces trois triompheront de toutes choses et alors abred finira.

Triade XLII

Trois choses diminuent continuellement : l’obscurité, l’erreur et la mort.

Triade XLIII

Trois choses se renforcent de jour en jour à cause de la multitude des désirs qui les appelle : l’amour, la connaissance et la justice.

Triade XLIIII

Trois choses s’affaiblissent de jour en jour à cause de la multitude des efforts contre elles : la haine, l’injustice et l’ignorance.

Triade XLV

Trois plénitudes de gwinfyd : participer à chaque espèce avec la plénitude dans l’un ; se conformer à tout awen et triompher dans l’un ; aimer tout le vivant, toute existence et un par-dessus tout, c’est-à-dire Dieu. Ces trois choses constituent la plénitude des cieux et de gwinfyd.

Triade XLVI

Trois nécessités de Dieu: être infini en lui-même, être infini par rapport au fini, être uni avec chaque état des êtres animés dans la sphère de gwynfyd.